Lecture analytique d'Harmonie du soir de Charles Baudelaire

Publié le par Maxime

 

 

Harmonie du soir de Charles Baudelaire


 

Introduction :

 

Charles Baudelaire est un poète de la fin du XIXème siècle et qui, avec Rimbaud et Verlaine, est considéré comme un des plus grand poète français. En 1857, il publie la version finale des Lesbiennes, rebaptisée les Fleurs du Mal. Le poète divise son recueil en six parties : Spleen et idéal, Tableaux parisiens, Le Vin, Fleurs du mal, Révolte et La Mort.

Cette construction reflète son cheminement, sa quête : spleen et idéal, tout d'abord, constitue une forme d'exposition ; c'est le constat du monde réel tel que le perçoit l'écrivain. Baudelaire s'aventure ensuite dans les drogues (Le Vin) puis tente de se noyer dans la foule anonyme de Paris pour y dénicher une forme de beauté (Tableaux parisiens) avant de se tourner vers le sexe et les plaisirs physiques (Fleurs du Mal). Après ce triple échec vient la révolte contre l'absurdité de l'existence (Révolte) qui, elle aussi s'avérant vaine, se solde par La Mort.

Après avoir été censuré, l’ouvrage et son auteur son finalement réhabilités quelques années après le procès. Ici, nous allons étudier le poème Harmonie du soir. Construit sous la forme d’un pantoum, il présente une originalité certaine. Le poète y évoque plusieurs thèmes mais l’on peut se demander « Quelle est sa véritable intention ? ». Pour répondre à cette problématique nous développerons deux axes : tout d’abord, une forme particulière, puis une volonté d’exorciser la mort.

 

I - Une forme particulière

 

Le pantoum est un style de poésie d’origine malaise qui consiste en une suite de quatrains où s'appliquent deux systèmes de reprises : le deuxième et le quatrième vers de chaque strophe sont repris respectivement comme premier et troisième vers de la strophe suivante, le tout dernier vers du poème reprend le premier.

L'alternance des rimes masculines et féminines impose un nombre de quatrains pair. Le nombre de quatrains est illimité, mais doit être supérieur à six.

Cette forme permet de donner au poème une musicalité particulière.

La particularité vraiment originale du pantoum réside dans le sens : il développe dans chaque strophe, tout au long du poème, deux idées différentes : La première idée, contenue dans les deux premiers vers de chaque strophe, est généralement extérieure et pittoresque. La deuxième idée, contenue dans les deux derniers vers de chaque strophe, est généralement intime et morale.

Harmonie du soir est un pantoum irrégulier car il déroge aux règles sur trois points : il ne développe qu'un seul thème, il est en alexandrins, et son dernier vers diffère du premier. En fait seul son mécanisme de reprise des vers apparente ce poème aux pantoums. Baudelaire lui-même ne l'a jamais qualifié de pantoum ; il écrivait en marge "Cela danse". Et en effet, c’est cette impression de danse avec laquelle on ressort à la fin de la lecture. L’ouïe et l’odorat donnent une impression de plénitude de même que les rimes en –oir alors que les rimes en –i évoque plutôt une souffrance. Le poète valse entre ces deux émotions « Valse mélancolique et langoureux vertiges ». Les figures de styles omniprésentes comme les comparaisons ou les chiasmes contribuent à cette impression. La musique enfin jouent le même rôle « Violon, valse… ». Les alexandrins réguliers marqués par des césures toutes les six syllabes sont synonymes d’une certaine volupté.

 

II – Une volonté d’exorciser la mort

 

Le champ lexical du religieux est omniprésent dans ce texte. On remarque ainsi l’expression biblique « Voici venir les temps », « encensoir », « reposoir » ou encore « ostensoir ». Ce poème tourne autour des sensations du poète et notamment de son âme. On note ainsi la présence du verbe évapore qui suggère qu’après la mort, l’esprit qui s’envole ne laisse qu’un souvenir. Grâce à cette allusion, on remarque la prépondérance du thème de la mort dans ce poème. Ce thème est mis en place grâce à deux sens symbolisés par la nature ou par des objets : l’ouïe « sons, violon, valse » et l’odorat « fleur, parfum », sens eux-mêmes comparés continuellement au corps humain « ainsi, comme » « cœur » « Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige », « Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige. ». Le coucher du soleil symbolise ici la fin de la vie… La fleur est le comparant principal de ce poème. En effet, une fois la fleur coupée, il ne reste d’elle que son parfum, puis il disparaît. Chez les humains, après la mort, il ne reste que le souvenir, qui disparaît lui aussi peu à peu. « Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ». Après avoir évoqué la partie terrestre de la vie, Baudelaire parle ensuite de l’au-delà « Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ».

Le ciel est ici comparé à un reposoir où sont placées les âmes. Il est beau car ces âmes sont apaisées. Baudelaire affirme qu’il est quelqu’un de pur qui ne supporte pas l’inconnu, le hait même. Ce verbe occupe ici une place très forte car il est comparé à l’adjectif tendre « Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir! ». Le poète préfère se retourner vers le passé et le souvenir des moments heureux passés notamment avec Mme Sabatier. Il fait part de son angoisse de la mort. Il tente ainsi de contrer cette angoisse. « Du passé lumineux recueille tout vestige ». Enfin, le dernier vers est aussi le premier vers où Baudelaire parle de lui-même. Le souvenir de son amante luit en lui comme un ostensoir, ce qui signifie qu’il la compare à une sorte de divinité.

Conclusion :

 

Dans ce poème, Baudelaire utilise un genre méconnu, le pantoum. Il offre ainsi au lecteur une forme nouvelle qui donne une impression de volupté et de tranquillité, comme une danse régulière. Le poète souhaite ici, exorcisée la mort pour ne plus la craindre. A-t-il ainsi réussi sa tentative ?

 

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M
des fois c'est treès noire Baudelaire<br /> http://www.youtube.com/watch?v=iu_FBovHYrE
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