Lecture analytique de Les Conquérants de José Maria de hérédia

Publié le par Maxime

Français

José Maria de Heredia – Les conquérants, Les Trophées (1893)

 

 

 

Descendant d'un conquistador, José Maria de Heredia écrit ici un sonnet sur la conquête de l'Amérique. Ce poète s’inscrit parfaitement dans la lignée des parnassiens. Ce mouvement est une réaction devant les excès sentimentaux du romantisme.Il prône la retenue et l'impersonnalité, Il rejette absolument l'engagement social et politique de l'artiste. Pour les Parnassiens l'art n'a pas à être utile ou vertueux et son seul but est la beauté. C'est la théorie de « l'art pour l'art » de Théophile Gautier. Ce mouvement réhabilite aussi le travail acharné et minutieux de l'artiste - par opposition à l'inspiration immédiate du romantisme - et il utilise souvent la métaphore de la sculpture pour indiquer la résistance de la « matière poétique ». Les conquérants est un poème issu du recueil Les Trophées, unique recueil du poète. Le poète s’attarde ici à la description des voyages et des conquistadors. Pour répondre à la problématique suivante « Quel est le paradoxe de ce poème ? », nous développerons deux axes : l’exotisme de la conquête, puis l’image du conquérant.

 

 

I) L’exotisme de la conquête

 

Ce texte présente au lecteur de nombreux et différents paysages qui rappellent les voyages des conquistadors. Les lieux sont de plus en plus éloignés .ls partent tout d’abord de la ville de portugaise Palos de Moguer. Cipango est ensuite citée. Cet ancien nom du Japon fait référence au voyage de Christophe Colomb qui cherchait au départ de son expédition à rejoindre le Japon. Les bords mystérieux du monde Occidental restent un mystère, car, dans les siècles précédents, lorsque l’on pensait que la terre était plate, les hommes étaient persuadés que le monde possédait deux limites, deux gouffres où ils avaient peur de tomber avec leurs embarcations. La mer des Tropiques marque le voyage dans l'Océan de manière géographique. Le fond de l'Océan enfin indique le point le plus lointain, un certain point de non-retour. Pour parvenir à ces destinations, les conquérants sont comparés à des oiseaux « Comme un vol de gerfauts ». Ces oiseaux quittent leur terre, ce qui donne au texte une idée de libération de ses liens, de sa terre natale. De plus, le texte est empreint d’un champ lexical du fabuleux, qui donne au texte une idée de légende. Hérédia s’intéresse aux légendes des trésors cachés au Japon grâce à sa personnification. L’occident est lui, paradoxalement, dans l’inconnu « mystérieux », « au bord »... De plus, les éléments se mêlent pour former de nouveaux paysages, procurer de nouvelles sensations… Le ciel et la mer se confondent « Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles ».

 

 

II) L’image du conquérant

 

Heredia a choisi de ne pas citer de nom particulier dans son poème pour se concentrer, nous l’avons vu précédemment, sur les paysages. Les conquérants sont toujours mentionnés au pluriel. Cela en fait ainsi un groupe soudé. Il n'y a pas de mise en avant d’un individu. Ces héros sont en quête de gloire et de richesse « leurs misères hautaines » : marque la motivation de leur départ (la misère en Europe).L'oxymore souligne la noblesse à laquelle ils aspirent. Ils désirent connaître de nouvelles aventures. Ils sont « Ivres d’un rêve héroïque et brutal ». La brutalité est ici magnifiée par l'héroïsme. L'ivresse montre que le désir d'aventures et de découverte les passionne. « Espérant des lendemains épiques » renvoie à de nouvelles épopées. C’est vraiment ce vers qui transcrit les volontés des conquérants. néanmoins, ce texte est rattrapé par la violence des conquérants. Le titre Les Conquérants nous introduit déjà dans une ambiance de conquête. e terme de « gerfauts », connote avec les rapaces, les prédateurs : la comparaison marque l'envol majestueux mais aussi la violence des conquérants. La préposition Hors de permet aussi d'appuyer sur le côté dynamique de l'expédition, comme un rapace qui se jette sur sa proie. Le « charnier » a un double sens : c'est à la fois un nid et une fosse commune (connotation de mort). Les « routiers » ont une connotation de brutalité et enfin, plus clairement « brutal ».Les allitérations en r, p, t dans les 2 derniers vers du 1er paragraphe sont des consonnes dures qui permettent de renforcer encore la violence. Le « métal », froid, est peut-être un symbole du cœur des conquérants.

 

 

Conclusion:

 

Le poème parnassien de José Maria de Heredia présente le voyage des conquérants, des conquistadors, comme Christophe Colomb, qui découvrit l’Amérique en 1492. Ce texte est assez paradoxal : les paysages reflètent un certain exotisme, un bonheur…, les conquérants sont volontaires et désirent découvrir de nouvelles terres, mais ils sont également violents, violence déclenchée par la pauvreté et leurs caractères. Afin d’élargir notre lecture, nous pourrions nous intéresser aux caractéristiques du Parnasse dans ce texte.

 

 

 

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L
pouvez vous m aider je suis en 5eme et j ai un travail important a rendre et j ai une question que je n arrive pas a répondre "relevez dans le poème les expressions qui évoquent le caractère merveilleux de ces voyage" <br /> merci ;)
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D
cccc
R
La puissance d'évocation du poème est remarquable :"comme un vol de gerfauts " déjà nous sommes transportés et je suis penché à l'avant des blanches caravelles , rarement un poème m'a emmené aussi loin. j'espère que les écoliers actuels peuvent l'apprécier.
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J
Moguer est une commune de la province de Huelva en Espagne de même que Palos de la Frontera .C'est en effet de Palos de la Frontera que partit Christophe Colomb en août 1492. Il prit la mer depuis le port de la ville avec trois caravelles : la Pinta et la Niña, la Santa María, les trois vaisseaux à bord desquels embarquent les navigateurs originaires de la ville proche de Moguer, par l'effet d'une confusion, Palos était parfois aussi appelée fallacieusement Palos de Moguer. Il ne part absolument pas du portugual. Quant à Cipango, c'est le nom chinois du Japon rapporté par Marco Polo dans le Devisement du monde.
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G
<br /> merci, tu viens de me sauver pour du français !<br /> Continue comme ça ;)<br /> <br /> <br />
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